La contribution des communautés et mouvements pour l’avenir de l’Europe.

Les mouvements et les communautés chrétiens ont un mot à dire pour l’avenir de l’Europe, et plus largement pour la paix dans le monde. A Timisoara en Roumanie, lors de la rencontre annuelle du réseau « Ensemble pour l’Europe »  (du 16 au 19 novembre), on a pu voir de nombreux exemples d’engagements portés par le « courage de l’espérance ».

 Mais il est difficile de parler d’espérance aujourd’hui avec tant de guerres et de violences. A ce jour, il y a 114 millions de personnes déplacées et les guerres en sont la cause principale.

« Tout cela peut alimenter le désespoir. Mais nous sommes ici aujourd’hui parce que nous croyons que Jésus-Christ a tout vaincu », affirme Margaret Karram, la présidente du mouvement des Focolari.

Le dialogue, visage de l’espérance

Dans ce contexte, « dialogue » semble être un mot impossible à prononcer, mais c’est le visage le plus efficace de l’espérance. Il dit que j’ai envie de me rapprocher, de m’enrichir de la diversité pour aller au-delà de la peur. Dieu nous appelle à mettre la fraternité au cœur. Il faut des communautés unies qui témoignent de l’Évangile.

En 2007, Chiara Lubich a dit que chaque mouvement est une réponse du Saint-Esprit à la nuit collective que traverse l’Europe. Il construit des réseaux fraternels. M. Karram est convaincue que la créativité de l’Esprit nous ouvrira de nouvelles voies.

« Dieu nous appelle à donner des signes visibles de communion qui ont leurs racines dans le ciel, mais doivent se manifester ici-bas. Pour cela, nous avons à nous entraîner au dialogue, en mettant en valeur le positif et les charismes qui animent les diverses communautés. Le rêve d’une coexistence qui intègre la diversité ne peut pas être délégué aux seules institutions », dit-elle.

Elle conclut par un appel à rester à l’écoute et à se mettre au travail. Le monde entier, pas seulement l’Europe, a besoin de cette espérance.

L’unité, un chemin de croix

Ciprian Vasile Olinici, secrétaire d’État à la culture et aux cultes de Roumanie, a mis de côté son discours pour improviser à la suite du discours de M. Karram. Il est convaincu que les mouvements réunis dans « Ensemble pour l’Europe » apportent une contribution importante.

Leur communion est indispensable, car elle est une réponse à la prière du Christ « Que tous soient un » ! Cette prière est donnée sur le chemin qui le conduit à la croix. L’unité n’est donc pas un chemin simple. C’est aussi ce que l’Europe a connu. 

« Quand Dieu a créé l’être humain, il a créé un contexte, un jardin. Un contexte où il y a des relations. Ainsi l’unité n’est pas avant tout un système de valeurs, mais un rapport entre des personnes », dit-il

Deux valeurs sont fondamentales pour lui : la foi en Jésus-Christ, telle que l’Écriture la propose et que les Conciles ont définie,  et à la réponse à la question « qui est mon frère » ? Si l’Europe cherche le combustible de l’unité en dehors du Christ, notre rôle est de lui rappeler son histoire qui est aussi son avenir.

Le courage de témoigner

Ancien premier ministre de Slovaquie, membre d’une communauté charismatique et du « Réseau des communautés européennes », Eduard Heger est convaincu de l’impact des communautés dans la société. Elles apportent l’espérance et s’engagent pour la réconciliation. En Slovaquie, par exemple, elles ont été les premières à aider les réfugiés venus de l’Ukraine.

Alors que le nombre des chrétiens diminue et que les Églises manquent d’impact, E Heger encourage l’assemblée à ne pas baisser les bras : « Nous avons entendu ici que tout est possible pour ceux qui croient. Jésus nous a envoyés pour partager l’Évangile. Qu’il nous donne le courage non seulement de le vivre en nous aimant les uns les autres, mais aussi de l’annoncer pour apporter la réconciliation ».

Il conclut par un vibrant appel à témoigner auprès des politiciens : « S’il vous plaît, mettez-vous en lien avec les politiciens, même s’ils n’ont pas la foi – personnellement j’étais athée. Frappez à leur porte 77 fois 7 fois jusqu’à ce qu’elle s’ouvre ».

Unité dans la diversité

L’Hongroise, Ilona Toth, a appris l’harmonie dans la diversité en jouant dans un orchestre. Elle ne se doutait pas que Dieu allait utiliser cette expérience pour vivre l’unité dans la diversité dans le cadre d’Ensemble pour l’Europe. Elle demande : « Comment faire pour que l’unité soit plus ouverte et dynamique, pour guérir nos blessures historiques ? On n’en est qu’au début en Europe de l’Est. La communion entre mouvements dans « Ensemble pour l’Europe » m’enseigne l’art de vivre ensemble ». 

A la fin de ces riches journées, deux pensées animent Gerhard Pross, le modérateur d’Ensemble pour l’Europe :

« Se tenir dans les déchirures » : Dans nos déchirures, nous regardons à Jésus crucifié qui a réconcilié le monde en y entrant.  La réconciliation ouvre à la vie et à l’avenir. Mais elle n’est pas facile et nous coûte, car elle implique la repentance et le pardon à donner ou à demander. 

« Relier les feux du renouveau en Europe » : Quelle sera l’énergie du futur ? Celle de maisons dont les panneaux solaires seront reliés les uns aux autres. On a besoin des grands producteurs d’énergie, mais également des petits. Il en va de même pour les communautés se reliant les unes aux autres. Dans Ensemble pour l’Europe, on s’exerce à développer ce réseau d’énergie spirituelle.

Graine de moutarde !

Le cœur rempli de joie, Josef-Csaba Pál, évêque catholique de Timisoara est confiant que Dieu a travaillé parmi nous et en nous, durant ces jours.

Pour lui, les communautés témoignent que les relations sont le fondement de l’unité. Mais celle-ci ne se fait pas en un jour, il faut recommencer chaque jour à y travailler. « Nous avons reçu la force pour aller de l’avant. Avec Dieu tout est possible : demandons-lui sans cesse de recevoir le courage de travailler pour l’unité ».

A la suite de l’apôtre Paul, il nous rappelle que si nous semons ou plantons, c’est Dieu qui fait grandir. Nous avons à faire notre part, mais pas à nous préoccuper de la croissance. Celle-ci dépend de Dieu.

« Quand nous voyons que quelque chose de beau se développe dans une autre communauté, il faut le célébrer, encourager le bien, surtout les jeunes. Le royaume de Dieu ressemble à une graine de moutarde… C’est mon espérance. Que l’Esprit saint la fasse grandir » !

Martin Hoegger


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